À Vénissieux, un atelier de cuisine et d’expérimentation
À Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, l’atelier “Cuisinons Ensemble“ rassemble chaque mois une dizaine de personnes vivant la précarité. Le temps d’une recette, elles partagent un moment convivial et mettent en place des solutions pour améliorer leur alimentation.
« À vos tabliers, on va commencer ! » Dans une vaste salle de l’église du quartier des Minguettes de Vénissieux, une dizaine de femmes s’activent. Certaines épluchent des légumes tandis que d’autres multiplient les allers-retours jusqu’à la petite cuisine attenante.
Une fois par mois, toutes se réunissent pour prendre part à l’atelier “Cuisinons Ensemble“ organisé par le Secours Catholique. « Ce sont les participantes qui proposent leurs recettes et l’association s’occupe des courses », explique Violaine Martin, chargée de mission pour l’accès à une alimentation digne. Le menu du jour : une salade composée portugaise proposée par Joaquina, et pour le dessert, un “Napoléon“, gâteau de fête arménien préparé par Anahit.
« Je viens pour connaître de nouvelles recettes, parfaire mon français et aussi échanger avec d’autres personnes », confie Gayane, arrivée d’Arménie il y a sept ans. Comme elle, la plupart des personnes qui participent à cet atelier sont des exilées en cours de régularisation. Précaires, nombreuses sont celles qui dépendent des banques alimentaires. L’atelier offre un moment convivial qui leur permet de partager leurs cultures culinaires autour de produits frais qu’elles n’ont pas toujours les moyens de s’offrir.
Reprendre la main sur son alimentation
« Je vais aux Restos du cœur une fois par semaine », confie Lilit. Cette arménienne d’une quarantaine d’années a quitté son pays il y a dix ans pour des raisons politiques. « Mais il y a beaucoup de fruits et légumes abîmés. Nous mangeons souvent des pâtes et je n’achète de la viande que lorsqu’elle est en promotion. »
Pendant que les légumes cuisent, le groupe s’installe à des tables d’écolier disposées en cercle. Ensemble, les participantes réfléchissent à la mise en place d’un atelier de "bocalerie". Abricots, tomates, poivrons… les unes après les autres, elles énumèrent des aliments tandis que Violaine les note sur un tableau. « Nous décidons des produits de saison que nous achèterons afin de les mettre en conserves, indique la chargée de mission. L’idée est de permettre aux personnes qui dépendent des banques alimentaires d’avoir des aliments sains et de qualité dans leurs placards. Une manière concrète de reprendre la main sur leur alimentation. »
Un fumet venant de la cuisine interrompt leur réflexion. On installe des assiettes à la hâte : il est temps pour le groupe de passer à table !