A venir : un accès digne à une alimentation durable et de qualité en Rhône-Sud
C’est un fait, la crise sanitaire a mis en évidence et accentué nombre de précarités. L’explosion des demandes d’aide alimentaire notamment a alarmé sur le sort des plus démunis dont certains n’étaient plus en mesure de se nourrir régulièrement et a alerté sur les insuffisances des solutions et circuits existants. Une situation d’urgence à laquelle le Secours Catholique du Rhône a souhaité répondre durablement et qualitativement. Dès novembre 2021, le Secours Catholique projette de créer une épicerie solidaire itinérante dans les Vallons du Lyonnais et d'aller vers ceux dont les problèmes de mobilité ont renforcé les difficultés d’accès à l’alimentation. Le "camion épicerie" devrait commencer à rouler au dernier trimestre 2022.
Dans le territoire Rhône-Sud comme ailleurs, les demandes d’aide alimentaire ont significativement augmenté pendant la crise COVID. « Cela démontre plus largement une détérioration des niveaux de vie, les ménages limitant généralement leurs dépenses alimentaires après avoir payé leur logement, les frais afférents et le nécessaire pour les enfants », explique Alain-Benoît, l’animateur du territoire. « Dans l’immédiateté, au Secours Catholique, nous avons distribué plus largement des chèques services. Une aide nécessaire et bienvenue mais palliative, nous laissant bien souvent dans la frustration de ne pouvoir faire plus et avec le sentiment de ne pas agir au bon niveau ».
Le Secours Catholique du Rhône décide alors d’aller plus loin pour offrir aux personnes en situation de précarité la possibilité de se nourrir régulièrement … Mais pas seulement. Elles doivent pouvoir le faire dignement, en choisissant leur alimentation en fonction de leurs besoins et en accédant à des produits de qualité.
Une étude de terrain est lancée, avec l’appui d’une stagiaire recrutée pour six mois, auprès des habitants du territoire, déjà connus de l’équipe du Secours Catholique ou non. Résultat : hormis à Craponne, desservie par le réseau métropolitain, les problèmes de mobilité sont largement cités, qui renforcent les précarités et les difficultés d’accès à l’alimentation.
De là, naît l’idée de rendre l’épicerie solidaire itinérante, tout à fait dans l’esprit de "l’aller vers" soutenue par le Secours Catholique.
Le 30 novembre 2021, la proposition est validée et les moyens nécessaires sont débloqués pour sa mise en œuvre dont l’embauche pour deux ans de Brenda en contrat d’apprentissage.
L’équipe-projet prend forme avec Alain-Benoit et Brenda, mais aussi avec Claire, animatrice en charge au sein de la délégation du Rhône de la question de l’accès digne à une alimentation durable et de qualité, avec Marie-Thérèse et Francine, toutes deux bénévoles. « Car s’attaquer à la question alimentaire nécessite du temps et des moyens. C’est bien plus que de trouver un lieu, souligne Alain-Benoit. Au-delà de l’aide matérielle apportée par l’épicerie, il s’agit de permettre aux personnes bénéficiaires de redevenir "acteurs de leur alimentation". Pour leur permettre d’en profiter pleinement, il faut, par exemple, s’intéresser à leurs habitudes alimentaires, savoir si les personnes cuisinent et le cas échéant les y aider, ce que nous pourrions faire avec des partenaires comme « Récup et Gamelles » capable de monter des ateliers de cuisine itinérants ou encore les ateliers « Cuisinons ensemble » développés par le Secours-Catholique à Lyon 8ème.
Nous devons également travailler avec les communes, les partenaires locaux et accompagner le projet vers l’autonomie d’ici quelques années, voire en faire un levier pour couvrir d’autres besoins comme l’aide au retour à l’emploi … ».
L’épicerie aura vocation à sillonner largement les vallons mais à son lancement, au dernier trimestre 2022, seules quelques communes l’accueilleront régulièrement.
La programmation de ce test grandeur nature est indispensable pour ajuster son fonctionnement aux réalités du terrain.
« Pour l’heure, des partenaires tels que le Groupement des épiceries sociales et solidaires Rhône-Alpes Auvergne (GESRA) nous aident à avancer », précise Alain-Benoit. « Le fonctionnement pressenti pour notre épicerie sera peu différent de celui des épiceries sociales et solidaires en accueillant un public large orienté par des associations et institutions publiques et en pratiquant une tarification fixée en fonction du reste à vivre de chacun. Pour ne pas être un lieu stigmatisant, nous allons faire jouer la mixité sociale comme c’est déjà le cas dans le magasin de vêtements et nous pensons limiter la vente à des adhérents, au moins au départ. Cela nous permettra de mieux gérer les stocks, de bien identifier ce que nous écoulons et d’agir véritablement au service de la résilience alimentaire des territoires. Le GESRA nous apporte ses retours d’expériences, des conseils et un réseau. Pour ce qui est du réseau d’approvisionnement par exemple, nous travaillerons en circuit court. Nous identifions déjà des producteurs écoresponsables et les possibilités de glanage en fin de marchés ».
Le projet d’épicerie solidaire et itinérante est vaste. Mais grâce au travail et la mobilisation de toutes les parties prenantes, le camion devrait rouler d’ici une douzaine de mois.
Outre rendre durablement plus accessible une alimentation de qualité, gageons qu’il permette aussi de faire le plein de fraternité et d’élans nouveaux.
Un tel projet aura besoin de forces vives, alors n’hésitez pas à nous rejoindre !