La mobilisation citoyenne : s’unir pour un monde plus juste

Cela fait maintenant plusieurs années, qu’Anne-Françoise Liotard, animatrice de réseaux de solidarité, agit en matière de  mobilisation citoyenne,  au sein de la délégation du Rhône. Le point avec elle sur la démarche et les actions menées…

Pour Anne-Françoise : « La mobilisation citoyenne correspond pleinement à l’ambition du Secours Catholique de construire ensemble un monde plus juste et plus fraternel, au sein duquel chacun à sa place ». Si par « mobilisation citoyenne » on entend bien la défense d’intérêts communs, au Secours Catholique cette mobilisation s’inscrit avant tout sur le terrain, là où vivent les personnes directement concernées, là où sont vécues les difficultés. 

« Nous bénéficions d’un bon maillage local et agissons au plus près des habitants. Par nos actions, nous sommes en lien direct avec les personnes en précarité. Les difficultés auxquelles elles font face au quotidien sont de tous ordres : éducation, alimentation, santé, habitat, mobilité …  Mais une fois que nous les avons identifiées, qu’en fait-on ? », questionne Anne-Françoise. « … Que fait-on pour passer à des réponses plus pérennes ? Cela nécessite généralement une démarche collective, de travailler non seulement avec les personnes confrontées aux problèmes mais aussi avec les partenaires locaux publics, associatifs, économiques... C’est tous ensemble que nous pouvons agir pour améliorer durablement les conditions de vie, pour faire en sorte que les soins, l’emploi, les transports … soient accessibles à un plus grand nombre. »

Si la parole de ceux qui vivent les difficultés est essentielle pour construire une analyse adaptée, « elle l’est aussi pour que les personnes vivant en précarité soient actrices, confortées dans leur légitimité à agir, dans leur dignité », précise Anne-Françoise. « Nous accompagnons les plus démunis au quotidien, partageant leurs difficultés mais aussi leurs joies à travers nos rencontres. Nous partageons également des instants de convivialité, ce qui est important pour nouer une vraie relation fraternelle, avoir des échanges libres et spontanés … En matière de mobilisation citoyenne, tout cela permet de viser juste, de cimenter les combats ».
Concrètement, lorsqu’un sujet nécessitant une mobilisation émerge, un petit groupe constitué de personnes du Secours Catholique et de personnes en précarité s’empare des actions à mener : rédaction d’un plaidoyer, prises de contact avec des élus ou des délégués ministériels, interventions au sein d’instances locales … L’objectif est d’associer au mieux ceux qui subissent le problème et de bien se préparer à agir, témoigner …

Parfois la mobilisation se fait dans l’urgence, comme pendant le premier confinement lors de la COVID quand les distributions alimentaires ont été suspendues. Rapidement, des actions de solidarité se sont mises en place : chèques-service distribués par le Secours Catholique, initiatives commerçantes, maraudes, entraide des personnes en précarité… Mais très vite s’ensuivit une réflexion sur la nécessité d’un accès digne à une alimentation de qualité pour toutes et tous. Aujourd’hui, la mobilisation avance et donne lieu à de premières initiatives locales comme l’émergence des ateliers « Cuisinons ensemble ».
Le Secours Catholique s’attaque aussi à des difficultés plus ancrées. En matière de mobilité par exemple, ses délégations se mobilisent partout en France. Dans le Rhône, un groupe d’une vingtaine de personnes travaille sur la question, le prix des transports impactant lourdement les personnes en précarité. « C’est un frein à la vie sociale, aux démarches administratives, à l’emploi, à l’accès aux soins …, explique Anne-Françoise. Comment mettre en place des tarifs plus adaptés ? ». Afin de trouver des solutions, le Bureau de la délégation a porté la question auprès de la Métropole de Lyon, et le  "groupe-terrain" interpelle, implique municipalités et acteurs locaux. 
D’autres fois, la mobilisation citoyenne revient à rejoindre les combats d’autres instances, à contribuer à leurs évènements, à participer à leurs rassemblements, forums … et aussi à faciliter les échanges directs entre élus, représentants des Pouvoirs publics et personnes défavorisées. 
« Le Secours Catholique permet à des personnes qui ne se seraient jamais rencontrées de partager et dialoguer. Cela produit une grande richesse humaine. Notre force, c’est l’ouverture, la mixité », rappelle Anne-Françoise.
 

Pour la suite, Anne-Françoise projette de constituer de petits groupes au sein des équipes locales. Pourquoi pas une organisation en binôme avec une personne en situation de précarité et un bénévole par exemple ? « Cela permettrait de s’accompagner » dit-elle, « de réfléchir et construire à deux ». Elle entrevoit aussi de nouveaux champs de mobilisation tels que l’accès aux droits et aux aides - de nombreuses personnes en précarité renonçant à accomplir les démarches – ou encore une meilleure prise en compte des "invisibles", ceux que l’on ne voit pas, pour lesquels la solitude s’ajoute à la précarité.
Anne-Françoise rappelle enfin que le réseau Caritas promeut et agit pour le développement humain intégral partout dans le monde, ce qui donne lieu à des mobilisations dont il peut être intéressant de s’inspirer. « Par exemple, on se rend compte de l’importance de certains thèmes » dit-elle. Et d’ajouter : « En plus, les relations avec d’autres pays permettent une meilleure connaissance des situations locales et donc parfois d’enrichir nos échanges avec des personnes accompagnées, de créer plus de lien ».

Les sujets de mobilisation ne manquent pas … Mais les bonnes volontés à les défendre non plus ! « Travailler localement, collectivement, en partenariat fait ses preuves. Et les jeunes semblent de plus en plus sensibles à l’équilibre social, prêts à agir pour une société plus juste et fraternelle. La mobilisation citoyenne initie de belles rencontres et ça marche ! », se réjouit Anne-Françoise. 

Démonstration est faite, s’il en était besoin, que faire reculer les précarités est l’affaire de tous. Chacun peut agir, là où il est, là où il en est... Un beau chemin de citoyenneté.