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« Il faut regarder l’Amazonie autrement »

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Le grand rendez-vous des sociétés civiles amazoniennes, le dixième Forum social panamazonien (Fospa) s'est tenu du 28 au 31 juillet, à Belem do Para, au Brésil. Le Secours Catholique et ses partenaires y étaient présents. Pourquoi ce rendez-vous est-il important ? 

 

Entretien avec Ismaël Vega, du Centre amazonien d’anthropologie et application pratique (CAAAP), au Pérou.

 

Qu’attendez-vous de ce dixième Forum social panamazonien (Fospa) ?


Il faut renforcer l’articulation entre les mouvements politiques et sociaux qui habitent les neuf pays d’Amazonie, afin de mieux visibiliser les problèmes auxquels fait face la région.

Le Fospa est l’occasion de présenter nos propositions concrètes aux États et de porter notre plaidoyer politique. Nous allons en ce sens publier un manifeste à la fin du forum.

 

La mise en œuvre de grands projets extractivistes ou de construction d’infrastructures détruit la forêt.

 

Quels sont les problèmes auxquels fait face l’Amazonie ?

 

Ils sont nombreux malheureusement. Les politiques des États détruisent de manière intensive les territoires. Ne serait-ce qu’au Brésil, 1 million d’hectares ont été déforestés !

L’Amazonie fait face à une politique de déforestation et de prédation ! La mise en œuvre de grands projets extractivistes (gaz, pétrole, mines) ou de construction d’infrastructures (hydroélectriques ou autoroutes) détruit la forêt.

Les peuples amazoniens font aussi face un accaparement des terres pour la monoculture des palmiers ou de biocombustibles par les multinationales. Ces politiques extractivistes ou de monocultures se sont renforcées après la crise sanitaire économique du coronavirus, c’est pire qu’avant !

Dans ce contexte, les droits des femmes et des défenseurs de l’environnement sont menacés. De nombreuses femmes sont victimes de violences commises par les opérateurs de l’industrie extractive. Et les assassinats des défenseurs des droits humains se multiplient, comme c’est le cas en Colombie.

 

Peut-on parler de crise environnementale en Amazonie ?

 

Oui la crise est grave. L’augmentation du nombre de terres déforestées accroît la crise climatique. Les engagements pris en termes de réduction des émissions de carbone au niveau mondial n’ont pas été tenus.

On continue de promouvoir les combustibles fossiles et de construire des centrales hydroélectriques. Le Brésil, où se tient le Fospa, a par exemple un taux de déforestation de 70 %. Aujourd’hui, le poumon de la planète est en danger !

 

L’Amazonie est un écosystème et un territoire pour ceux qui y habitent, et non pas une source de ressources.

 

Quelles propositions portez-vous devant les pouvoirs publics ?

 

Nous portons le message selon lequel il est nécessaire de regarder la nature d’une autre manière. Il faut conserver la maison commune et reconnaître l’Amazonie comme sujet de droit. Elle est un écosystème et un territoire pour ceux qui y habitent, et non pas une source de ressources pour les États et les industries.

Il faut regarder l’Amazonie différemment en pensant aux générations futures. L’avenir est à construire avec elles.

Par ailleurs nous prônons le fait qu’il faille garantir les droits des peuples autochtones qui habitent l’Amazonie ainsi que respecter leur identité et leur spiritualité. Cela veut dire qu’il faut les intégrer et les faire participer aux institutions politiques pour prendre en compte leur voix.

Il faut reconnaître leur autonomie dans la gestion des territoires. Cela passe par le dialogue et leur consultation préalable pour les projets économiques comme le prône la convention 169 de l’Organisation internationale du travail.

Nous, au CAAAP, nous travaillons avec les peuples autochtones et demandons à l’État péruvien d’inclure dans ses politiques une approche interculturelle. Il faut reconnaître le territoire de manière intégrale et le défendre.

Enfin nous pensons qu’il faut mieux garantir les droits sociaux, environnementaux et les droits des femmes afin qu’ils ne soient pas menacés.
 

Lire aussi notre reportage : En Amazonie, l'identité indigène à l'épreuve de la modernité

Auteur et crédits
Cécile Leclerc-Laurent Crédits photos: ©Xavier Schwebel, ©Elodie Perriot / Secours Catholique.